Pour parler ou montrer quand même quelque chose qui ne nous parait pas directement présentable, il existe diverses parades. Dans les paroles rapportées d’Héraclite, au lieu des idées – invisibles par nature – viennent ainsi des images qui nous les font voir telles que celle, fameuse, de l’écoulement d’un fleuve. De nos jours, au lieu de serveurs informatiques – quant à eux pourtant en principe visibles – on rencontre l’image d’un nuage, le cloud. Un fleuve n’est pas une idée et un nuage n’est pas un serveur. Dans les deux cas, de l’un à l’autre il y va même d’une différence foncière, d’un gouffre dont on ferait bien de questionner l’enjambement. Dans un cas, dans l’autre, qu’est-ce que cet imprésentable qui justifie au départ la parade, la parure, l’apparat de la représentation ? Les idées d’Héraclite sont-elles imprésentables au même titre que les serveurs informatiques ? Peut-on se passer de représentation ? Sinon, à quelles conditions la représentation convient ?
About
Adrien Payet studies and puts into practice philosophy, design and computer code. He divides his time between the studio Praticable, a designers’ cooperative, and his own personal research. He works with designers, architects, artists. He teaches design theory and practice at ENSCI, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Université de Strasbourg and ECV Digital.